dimanche 21 mars 2010

Ad augusta per angusta

Après deux expériences concluantes de démarrage alternatif sur ma live usb, et dans un souci de cohérence mais aussi de pratique, j'ai décidé de passer définitivement à l'OS exotique aux noms d'animaux. Dans un geste de rebellion ultime, j'ai ainsi écrasé toute trace de win-truc et l'ai remplacé – avec bonheur – par It-Whose-Name-Reminds-Me-Of-A-Dead-Dictator. Premier post entièrement rédigé, édité et posté depuis ma nouvelle base arrière, séquence émotion, surtout quand je pense que ce qui y figure présuppose une nouvelle déclinaison de la portabilité de mon gadget de fille (oui, j'ai acheté cet eeepc parce qu'il était jo-li aussi).

Le vent de la liberté souffle comme une brise printanière...


Rituel d'arrivée du printemps en région parisienne, la pluie qui balaye les rues. On voudrait pouvoir profiter du redoux mais le sol glisse et les cheveux gouttent, on se presse à l'abri.

L'envie pourtant nous gagne de pointer le nez dehors. L'hiver est presque derrière nous, on se plaît à rêver à des soirées oisives passées à refaire le monde aux terrasses traversées de courants d'air tiède, un verre à la main, en compagnie d'amis de toujours. Prévoir des sorties sous les arbres qui reverdissent, des goûters au parc au milieu des canards avides et cependant farouches. Imaginer le vent rafraîchissant qui se glisse sous une jupe que l'on tient encore au fond d'un placard, hors de saison pour l'heure. Nettoyer les verres de ses lunettes de soleil en prévision des escapades le long des quais.

On se raccourcit les cheveux, on dégage un cou que les coulis glacés des bises hivernales me chatouilleront plus. Les soirées se rallongent, les couchers de soleil se parent de mille feux, la Tour Eiffel brille désormais dans un reste de jour rosé, tandis que l'horloge du Palais tinte sept fois.

Un verre de Sancerre rouge ou une coupe de Ruinart pour fêter l'approche de l'été, un son cosy et suave dans les oreilles, l'illusion de pouvoir et de savoir prendre son temps. Une virée laconique sur les Champs Elysées, pas trop longtemps, cela devient vite insupportable tout cet étalage bling-bling Rive Droite, quelques capsules de café, un macaron à la pistache de chez Ladurée dans son joli sachet pour un tea time au Prince Vladimir ou à l'Anastasia. L'envie de faire voleter une jupe princesse, de nouer des rubans à ses chevilles, de sentir ses orteils se libérer sous des lanières devient insupportable. Une matinée passée à flâner dans les travées du musée d'Orsay pour l'exposition Crime et Châtiment, un café pris à l'ombre des branches du boulevard Saint-Germain, en évitant le Flore bondé de touristes en cette saison. Se souvenir de réserver à temps pour profiter de l'oeuvre de Turner sans avoir à arpenter le bitume dans une file sans fin.

Se demander à quel moment on pourra aller déjeuner dans le patio qui abrite la crêperie de la rue Daguerre, avec ses arbres en pot, son chat qui se prélasse sur les chaises, son mainate qui miaule sans faire frémir une moustache du précité, d'une bolée de cidre bien frais et d'une galette au beurre salé.

Revenir au bassin du Luxembourg, à ses bateaux à l'ancienne, ses canetons duveteux, que l'on retrouve de mai en mai, un Perrier sur les chaises en métal qui rappellent les temps lointains de la fac, un livre de poche qui dépasse du sac à main.

On aimerait que le temps s'accélère pour de bon, et qu'il se suspende pour ces quelques heures douces et comme volées.

En espagnol, printemps se dit primavera, joli non?


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