dimanche 26 octobre 2008

Giacomo C.


L'univers que l'on m'a dévolu est rempli d'ombres que d'aucuns jugent parfois menaçantes, leur propension à ressurgir leur donnant un goût amer que l'on pourrait prendre aisément pour de la nostalgie.

Ces ombres ont leurs raisons de prétendre, de sous-entendre, de laisser à penser que...

Mais au jeu du prétendre il n'est pas permis de trop en dire, sous peine de basculer dans un mode confidentiel, confessionnel, exhibitionniste.


Alors les phrases assassines restent ce pour quoi elles ont été lancées, des assertions gratuites, des défis lancés en quête d'une réaction, finalement, elles ne sont rien de plus que des bouteilles à la mer, et c'est triste en un sens pour ceux qui les lancent au hasard.

C'est là toute la différence entre les hommes qui se prennent pour des gentlemen et ceux qui le sont vraiment.

Ces derniers ne glisseront jamais une allusion, tout au plus échangeront-ils un regard un peu plus chaleureux, un sourire de connivence, mais ils n'offriront jamais au questionnement d'autrui de phrase sybilline, de sourde allusion connotée.

Non, cela est réservé aux cuistres, à ceux qui préfèrent entretenir une réputation sur le compte des bouffées égotiques féminines.

Toute femme préfèrera assumer - faussement s'il le faut - le rôle de la femme élue d'un moment, de la cible d'une cour menée à l'ancienne, plutôt que d'affirmer qu'elle n'en est pas le rôle titre, plutôt que de livrer aux railleries des spectateurs la vexation qui est sienne de ne jamais avoir été l'objet du désir d'un homme dont tous vantent les mérites de séducteur.

En bref, l'orgueil féminin est capable de pousser à bien des mensonges par omission - vanitas
vanitatum et omnia vanitas - et permet aux cuistres de service de maintenir une réputation de Casanova sans avoir à lever le petit doigt - si j'ose dire - ni même faire l'effort d'une simple tentative de séduction.
Encore faut-il y trouver une satisfaction égotique en soi.

Car après tout, est-il préférable d'être courtisée ou réellement séduite?

Les avis sont partagés, et je maintiens une position sur le sujet qui varie selon l'inconnue de l'équation : la personnalité du séducteur. Et Dieu sait s'il faut en avoir de la personnalité, et pas uniquement en apparence, pour être capable de faire évoluer les échanges du marivaudage ou badinage commun de salon mondain ou non à la séduction la plus authentique.

Signe des temps, la séduction de nos jours ne se peut concevoir que comme une compétition, publique et exhibitionniste. Les points de chacun sont comptés, quand comparera-t-on les scores?

Casanova, lui-même, n'était-il pas surtout un vantard ? Les meilleurs séductions sont aussi les plus silencieuses. Enfin ce n'est que mon avis.

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