samedi 16 octobre 2010

De omni re scibili, et quibusdam aliis

Petit vademecum poétique pour celles et ceux qui voudraient faire de leurs sonneries d'iphone une joie récurrente et non un facteur de stress. Pour celles et ceux qui ont compris qu'une sonnerie personnalisée était un filtrage en soi. Pour celles et ceux qui ne supportent plus les bip bip bip et les dring dring.

Vous vous lassez déjà des sonneries natives

(j'ai bien failli taper "des conneries hâtives")

et souhaitez désormais ouïr un gazouillis

plus doux et mélodieux que l'infâme roulis

des trois notes classiques maintes fois répétées,

du klaxon de papy à la voix enrouée,
de la ligne de harpe qui donne envie de fuir?

Lisez attentivement les lignes qui vont suivre

Car pour ceux qui ne veulent débourser un penny

il existe un moyen facile de contourner
la dictature qu'itunes souhaite nous imposer
en réservant l'option "créer des sonneries"

aux seuls fichiers que l'on a chez eux achetés.

Choisissez un morceau au son plus avenant

- un Cure quitte à choisir plus que Sylvie Vartan -

élisez le passage que vous souhaitez garder

en notant les timecodes sur un bout de papier.

Un clic droit puis "obtenir des informations"

dans la fenêtre sélectionnez l'onglet "options"

une foule d'infos vont vous être affichées :

c'est là qu'il vous faudra entrer soigneusement
les timecodes en cochant, ça, ne l'omettez point
les cases indiquant début mais aussi fin,
concluez par OK, cela semble évident.

Dans la playlist itunes, retrouvez cet extrait
- sa durée limitée permet de faire un tri -
et d'un nouveau clic droit avec votre souris
désignez "création de la version AAC"

Itunes vous donne un bing et c'est presque bouclé
(avant de continuer pensez à retourner

dans le menu options et à tout décocher);

explorez le dossier Itunes où sont rangés

les morceaux, par magie vous y retrouverez
l'extrait
qui s'est depuis doté d'une extension

m4a, choisissez "renommer", cette terminaison

en m4r vous allez donc la transformer.

Il ne vous reste plus qu'à glisser ce fichier
dans l'onglet "sonneries" qu'à gauche vous trouverez
Branchez le téléphone, et dans l'onglet dédié
cochez bien les morceaux et puis... synchronisez.

La leçon est finie, a-t-elle pu vous aider?
Y avez-vous trouvé réponse à vos questions?
Les plus malins riront de ses complications
Mais pour les sonneries, sans Itunes, c'est raté...


vendredi 3 septembre 2010

Patior ergo sum

Eluard a intitulé un de ses volumes "Capitale de la Douleur". Qu'en est-il des douleurs capitales? De ces douleurs dont on pense ne pas se remettre, et qui s'étendent dans le temps au point que l'on voudrait s'assommer contre un mur ou se tirer une balle pour que cela cesse enfin?

La souffrance est un sujet que l'on n'aborde qu'avec prudence, et certainement pas dans une conversation courante.

A la question quotidienne et dénuée de sens à la longue "Ca va?" (Bruckner écrit un encart remarquable sur le sujet dans L'Euphorie perpétuelle: Essais sur le devoir de bonheur publié en 2000), se voit-on raisonnablement répondre que "non, ça ne va pas, je me suis tordu(e) de douleur pendant deux heures cette nuit"?


Non


La Faculté n'a pas son pareil pour nous lancer des défis improbables. ll nous faut désormais être en mesure de définir la douleur ressentie sur une échelle graduée de 1 à 10. Quelle bonne blague... On passe au mieux pour non-malade, au pire pour douillet. Mais comment peut-on raisonnablement penser possible de comparer des seuils de douleur provenant d'affections et de pathologies à la diversité vertigineuse?

Je cherche encore la réponse.


Et puis il y a ce que l'on appelle être dur au mal...

A la longue, la douleur s'apprivoise, et ce qui noussemblait intolérable il y a quelques mois, devient normalité indolore. Le mal est là pourtant, tapi, guettant l'occasion de monter crescendo, de faire résonner sa toute-puissance.

Il ne fera aucun cadeau. Il fera feu de tous bois, et vous terrassera comme jamais auparavant.
Comment supporter le retour de cette douleur dont l'intensité ne cesse d'augmenter. Comment prendre sereinement les heures passées en examens divers et variés et dont les réponses ne satisfont personne?

La difficulté vient parfois de la mise en pratique de l'adage selon lequel le remède est parfois pire que le mal... Se faire soigner et guérir oui, mais à quel prix? N'oublions jamais que le patient, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'est pas celui qui attend la délivrance, mais celui qui souffre (même racine latine que le verbe pâtir)

Le traitement de pathologies lourdes et, si laissées en l'état, létales est un processus destructeur. Chez certaines femmes, il va de pair avec la perte d'une partie de soi, la « pound of flesh » shakespearienne en règlement de la dette sanitaire, dont l'impact psychologique en cela qu'il entame le principe même de leur féminité est plus douloureux que la maladie, sournoise et tapie, discrète et indolore pour un temps.

Et souvent, cela ne s'arrête pas là, puisqu'il faut terrasser la bête immonde au prix de séances que toutes décrivent comme difficilement supportables, puisqu'après sa féminité c'est son identité et son apparence offerte aux yeux d'autrui qu'il faut voir subir une rapide dégradation. Peau qui se parchemine et se grise, cheveux qui se raréfient et finissent par ne plus être qu'un souvenir. Spectacle auto-imposé d'une décadence accélérée, rappel de la vanité de notre passage sur la terre, et tout cela subi pour contrecarrer l'avancée de la douleur.

D'une façon optimiste, considérons que ces traitements portent leurs fruits, mais comment gère-t-on l'après-douleur?

Lorsqu'on a partagé ses jours avec ces douleurs capitales, physiques ou psychologiques, comment vit-on l'après, celui qui se borde d'appréhension chevillée aux souvenirs?

Hélas, dès lors que l'on ne souffre plus de façon exhibitionniste et reconnue par la Faculté, il n'y a guère d'accompagnement possible, il n'y a plus rien que le dialogue silencieux entre soi et sa peur. Sa peur de quoi?



Que tout cela recommence.

dimanche 11 avril 2010

"Longtemps je me suis couché de bonne heure."


Quand les journées sont douces comme celles-ci et que mon ordinateur me conduit d'une musique à l'autre sans que je tente la moindre interférence, me viennent des envies de relire toute la Recherche en 24 heures... de me lancer dans l'exercice puissant d'une lecture amusée du journal des Goncourt, de celui de Jules Renard.

Je ressens bien plus qu'à n'importe quelle heure l'envie d'avoir vécu une autre époque. Je cherche sur le fauteuil de rotin la fine camisole brodée que portait mon arrière-grand-mère avant moi et que j'ai trouvée dans un coffre au grenier et emportée dans ma valise un jour d'été trop moite. Je me demande où se trouvent les cache-corsets bordés de Calais dont je devais fixer les bretelles par des épingles pour éviter qu'ils ne bâillassent quand je trouvais du dernier chic des les porter sur un jean, il y a près de vingt ans.


Il me vient des envies de dentelles fanées, de gants jaunis en chevreau, de cache-poussière séculaire, de ressortir les bibis et chapeaux à voilette sagement rangés dans des cartons ronds, au plus haut des armoires de ma chambre d'enfant.


Je pourrais un instant parcourir le chemin en arrière sur la route des décennies en jouant d'un éventail aux lames assouplies par l'usage quotidien dans les chaleurs andalouses, en drapant mes épaules d'un châle aux laines douces et précieuses, en nouant autour de mon cou le ruban de velours noir où repose un camée, en me laissant porter une fois encore, toujours, avec la même volupté par les premières notes de la Traviata - pourquoi l'ouverture de la Traviata me met-elle toujours dans un état de rêverie et d'anticipation tel que j'en viens à divaguer de la sorte, me direz-vous? Inexplicable et cependant imparable... J'ai toujours été emportée par quelques-unes, oh si peu, de ces notes, irrémédiablement et le fait d'avoir vu de nombreuses fois cet opéra ne m'en a jamais guérie ; à chaque fois je frissonne -.


Non, je ne veux à cette heure que des parfums passés aux senteurs de frangipaniers ou de lavande et musc, des thés pris à l'ombre de chèvrefeuilles et dans la douceur sucrée du jasmin qui éclot, des cuillères à absinthe ouvragées abandonnées sur des tables, des bruissements de taffetas et de soie moirée dans les allées des Tuileries ou du Luxembourg, des gants qui s'effleurent, toujours comme par mégarde...


Je veux que mon regard se baisse hypocritement et filtre à travers les cils en voyant passer un de ces élégants à la Robert de Montesquiou, à défaut d'un Charlus, guettant le mouvement de balancier d'une canne dont l'usage n'est autre qu'esthétique. Des époques où le fait d'être femme ne protégeait de rien, mais n'empêchait pas pour autant d'exprimer une part de soi, un temps de codes aujpurd'hui surannées mais bien plus expressifs que les acronymes et onomatopées contemporains. Un rêve de matières précieuses, de senteurs animales, de rubans à dénouer, de plumes à fixer, d'étoffes à froisser, d'épaisseurs à trousser, de chevilles qui apparaissent soudainement dans le sillage d'un pas trop vif. Une nostalgie de regards authentiques et d'instantanés volés, des rencontres improbables, mais des rencontres tout de même : « Car j'ignore où tu vas, tu ne sais où je vais, ô toi que j'eusse aimé, ô toi qui le savait »

Ce soir je m'endormirai en me rêvant Colette, Léontine Caillavet, Laure de Sade, comtesse de Chevigné, Elisabeth Greffulhe, Sarah Bernhardt, Anna de Noailles et tant d'autres encore... Et demain je retrouverai ce maussade XXIe siècle qui n'a pas ces légèretés des autres temps...


El sueño de la razón produce monstruos


La sensation du vide est la plus déplaisante. Elle induit la possibilité d'une chute sans fin, elle prévient de son imminence par une forme de haut-le-coeur qui vous laisse ce dernier battant la chamade. Plus qu'un vertige, c'est une impression de perte de soi qui prend le dessus et fait surgir sueurs froides et angoisses. J'ai toujours détesté dormir dans des lits qui n'avaient ni contact avec le mur ni meuble mitoyen pouvant pallier cette absence insupportable de garde-fou. Par quelle étrange le motivation un corps en équilibre précaire est-il irrésistiblement attiré par le vide et quelle obscure raison lui fait ressentir les quelques centimètres qui le séparent du sol en gouffre sans fond. Combien de réveil urgents et haletants, la nausée au bord des lèvres, au sortir d'un rétablissement de dernière minute avant la chute? Dormir n'est pas toujours un abandon à la sérénité et à l'oubli, le sommeil ouvre les portes des champs Phlégréens, des portes de l'Enfer de Virgile.Dans ses vapeurs toxiques, on perd le sens des choses, la réalité se fond et se confond, et l'on s'interroge à postériori sur la véracité de mots échangés, sur la collusion entre le vécu et l'imaginé. Ai-je eu cette conversation-là, ai-je visité ce lieu-ci, ai-je pris ces décisions de façon irrévocable?

Cette chute dans le vide est souvent le moyen que trouve notre corps de nous sortir de rêves aux méandres qui se complexifient, et dont nous peinons à trouver le dénouement. Libéré des contraintes sociétales et des inhibitions du quotidien, notre esprit prend ses aises, compose sa propre bande originale, réalise des castings improbables, nous balance in media res dans des schémas actanciels inimaginés et irréalisables. Comme pour tester notre capacité à réagir et à agir dans le cadre de ces mini-crises que nous évitons soigneusement en journée.

Cela explique que certains réveils soient plus épuisants que les journées qui les ont précédés.
Et cela confime mon regret de toujours : que l'on ne puisse induire la nature des rêves à venir en s'abandonnant au plaisir des pages.

Combien de fois n'eussé-je pas préféré passer la nuit dans les troubles bas-fonds londoniens explorés par certains auteurs, plutôt que de revivre une journée blanche de bureau - aux accent si véridiques que je peine à émerger de l'abri de ma couette au matin, tellement persuadée d'avoir d'ores et déjà vécu la journée qui m'attend - , combien de promenades crépusculaires dans les jardins de l'Alcazar, combien de chevauchées matinales dans la brume des marécages, d'après-midi de visite chez la duchesse de Guermantes n'eussé-je pas échangé contre mes chutes répétées, mes réveils hagards, mes angoisses encore vives et qui me collent les cheveux aux tempes et à la nuque?

Pas de monstres dans les placards ou sous le lit donc, juste des occasions manquées, des pas qui trébuchent, des basculements qui préemptent une chute que l'on retient sur le fil et qui ont le goût amer de la survie.

Goya avait raison "el sueño de la razón produce monstruos"

vendredi 2 avril 2010

Métropolitain

(ce texte a été publié le 12/06/08 sur un support n'existant plus)

Je ne sais si je m’en remettrai… La nouvelle est effroyable, le choc est rude. Dois-je acquérir sur le champ quelque métrage de crêpe noir pour m’en voiler ? Est-ce une perte que l’on ne saurait surmonter sans observer , au préalable, une longue période de deuil ?

Oui, la nouvelle est tombée ce matin comme une météorite sur la Tour Eiffel… Le Métrosexuel n’est plus.

Moi qui commençais juste à m’habituer à son existence, recueillant deci delà quelques informations glanées au détour d’une conversation sur les mœurs du temps sur ses us et coutumes, et qui tentais petit à petit de modéliser une figure tridimensionnelle de cet objet nouveau et incontournable.

Sera-ce un hommage à titre posthume que ce propos décousu qui n’est encore à ce jour qu’une ébauche d’étude et qu'il convient de livrer immédiatement de peur que son objet ne sombre dans l'oubli ? Le glas a-t-il vraiment sonné pour accompagner solennellement ce cercueil designed by Starck et doublé par Burberry's, avec compartiments latéraux pour l'Iphone et brumisateur d’huiles essentielles ?

Je ressens l’amère frustration de l’enfant dont le jouet s’est brisé avant que ne se termine le jour de Noël, victime d’un emportement enthousiaste ou de rivalités fraternelles. Je suis pareille à l’utilisatrice de sex toy qui se rend compte dans la chaleur de la nuit que les piles R4 ne sont pas incluses dans la boîte de son nouvel ustensile et que l’épicier du coin vient de clore son rideau de fer. Je vis le drame intense de la ménagère ayant promis à ses enfants un quatre-quarts pour le goûter du dimanche après-midi et dont le placard ne contient plus une poussière de farine.

La mode et ses tourbillons vertigineux m’ont piqué mon nouveau jouet et c’est insupportable !

Moi qui venais de comprendre que le métrosexuel était un être très agréable à fréquenter, en dépit du complexe d’infériorité que j’étais en droit de ressentir (undomestic goddess par excellence) lorsque confrontée au soin méticuleux qu’il apportait lui-même à son linge, j’en tremblais de dépit

Moi qui avais réalisé avec stupéfaction qu’il y avait dans cet homme un être capable de converser longuement des mérites respectifs du cachemire trois fil et d’un cirage à la brosse pour certaines qualités de cuir, j’en gémissais de rage.

Moi qui pouvais - sans avoir à entendre un ricanement sur les étiques repas à trois feuilles de roquette - gloser sur les qualités nutritionnelles des recettes de poisson vapeur aux légumes croquants, je m’abandonnais au désespoir le plus sombre.

Moi qui avais placé tant d’espoir dans l’émergence de cet homme nouveau, sans une once de féminité cachée mais préoccupé par sa qualité et son hygiène de vie, esthète éduqué sachant être jouisseur tout en gardant de la mesure, exigeant envers les autres mais avant tout envers lui-même, je me sentais soudainement orpheline.

L’übersexuel avait triomphé…

Aux poils soyeux et entretenus à l’aide d’une tondeuse d’une barbe de trois jours gommée et adoucie succédait sur le trône de la désirabilité la figure hirsute et néanderthalienne d’un Chabal (je me réfère là à sa seule image, l’homme est paraît il d’une grande douceur et discrétion), à l’esthète averti se plaisant à écouter sans jouer les connaisseurs aussi bien une pièce de Boccherini qu'une ligne de basse de Simon Gallup succédait l’amateur de Bon Jovi ou 50 cents dépenaillé…

Le règne du poil libéré était annoncé, et avec lui le chant du cygne de la métrosexualité. Et je le tenais de source sûre... un métrosexuel exorcisé en personne.

Bigre…

Quelques heures plus tard, force me fut de constater de visu que l’individu qui m'avait initié au concept et qui servait de modèle standard à mon étude empirique du métrosexuel (sa vie, son œuvre) portait néanmoins au poignet un sac de courses contenant des produits d’entretien capillaire, de ceux qui eussent fait rire Chabal à s’en éclater la rate.

En dépit de sa mort annoncée, tel Lazare relevé de son lit de mort, à défaut de bander, le métrosexuel bougeait encore…

lundi 29 mars 2010

Tempus volat, hora fugit

Le passage du temps n’épargne personne. Le dire revient à enfoncer une porte ouverte, j’en conviens, toutefois il est des moments où l’on en vient à penser qu’il nous épargne encore moins que d’ordinaire.

Une connaissance me narrait récemment le désagrément que lui avait occasionné une récente visite dans une enseigne connue de parfumerie où il s’était rendu pour acheter une fragrance enivrante, garante d’un sex-appeal décuplé. La démarche n’avait donc rien de déplaisant de prime abord, le fait de fleurer bon n’enlevant en rien sa virilité à l’homme civilisé, qui, déjà à l’époque de Ramsès II, aimait à sentir le musc, la myrrhe et le benjoin… parce que c’est bien plus agréable que de dégager une odeur de purin, pardi.

Aucune interprétation possible pouvant conduire à une assimilation de l’individu qui nous sert d’exemple et d’alibi à un métrosexuel (pour la définition, se référer à ce post là --> en cliquant là --> post http://moleskine-by-ido.blogspot.com/2010/04/metropolitain.html) donc.

Un homme qui va acheter du sent-bon (comme disent les enfants) reste un Homme, on ne va pas essayer de lui fourguer de la terra cotta ou du mascara masculin (si, ça existe !) au passage…

Arrive le moment du passage en caisse, que l’intéressé attend - pour une fois - avec un plaisir un peu puéril, car c'est un peu Noël avant l'heure, généralement synonyme d’obtention d’échantillons de mini vaporisateurs qui guideront, le cas échéant, l’achat de la prochaine senteur connotée vétiver, chypre ou musc dont l’homme parera son cou viril et ses abdos d’acier (no pun intended).

Et là, bam, bang, boum, le coup de bambou sur la tête, l’Eurostar dans les pecs, trente-six chandelles, ah non pardon, trente-sept… Car Monsieur, au lieu de vous glisser quelques petits étuis siglés Givenchy, Paco Rabanne ou Dior (on obtiendra rarement Hermès et jamais Guerlain), la vendeuse – que vous qualifiez vengeusement de caissière-manquant-singulièrement-de-tact… en fait non, le premier mot qui vous vient c’est la sal…. ! – avec un sourire entendu, met dans votre sac de courses une série de petits carrés plastifiées, voire – pire ! – de mini-tubes… de crème anti-rides. Et cela non sans se fendre au préalable d’un complice « vous verrez, cela fait des miracles sur les rides installées ».


Silence de mort.

Vous réglez vos achats avec un sourire contraint, franchissez le seuil de la boutique en notant mentalement de ne plus jamais y remettre les pieds et d’apporter désormais vos sous à la concurrence. Hélas, dans chaque boutique on vous servira la même saynète, un peu comme si un sixième sens développé exclusivement au contact des rayonnages de substituts au botox, aux vapeurs toxiques de l’éthanol dégagées par chaque vaporisation sur une languette-test de papier buvard, en raison d'un usage immodéré du fond de teint orange et de la pince à épiler sur les sourcils, avait ouvert un troisième œil chez les employées de parfumerie. Elles ne devinent pas, elles SAVENT que vous venez tout juste de passer le cap fatal.

Dès lors que vous passez le stade des trente-cinq ans, messieurs, sachez-le, vous êtes tricards pour les échantillons de sent-bon : à vous l’anti-rides ! Vous ne retrouverez les ravissants petits vapos - si pratiques à glisser dans un sac de week-end ou lorsque vous avez exprimé jusqu’à la dernière goutte de votre flacon préféré – que lorsque vous aurez atteint un âge si vénérable que seule la mort saura retendre les plis de votre visage.

Vanitas, vanitatem et omnia vanitas…

Si cela peut vous rassurer, elles font le même coup aux femmes, les vendeuses au teint orange… Seulement elles commencent dès 30 ans (et un jour), avec les soins tenseur-gigahydratant-prévention-de-sillons-inéluctables, alors ne vous plaignez pas trop fort.

mardi 23 mars 2010

Delicta juventutis meæ

Est-il raisonnable d'éprouver une certaine forme de nostalgie pour les années soixante-dix? Pour commencer, durant ces années-là, pour communiquer, nous étions condamnés à n'user que de machines à écrire à marguerite, de télex à bandes perforées, ce qui, on en conviendra, n'était pas l'apanage de tous hormis de quelques professionnels triés sur le volet.

Les vêtements se caractérisaient par un goût prononcé pour des couleurs improbables : jaune poussin, caca d'oie, vert colvert... Une vraie basse-cour si l'on y songe bien.
Quant aux formes, cols pelle à tarte, pantalons patte d'éph' ou coupe cloche, un véritable cagibi... La musique se partageait en courants bien distincts:

Il y avait le rock très rock réminiscence des années précédentes, des redites de Jerry Lee Lewis, de Chuck Berry et du King, pas encore mort, qui se produisait à Vegas avec foison de paillettes.

Il y avait le rock planant à tendance psychédélique des Floyds, des Doors, des Grateful Dead; on reprenait en fredonnant les refrains de Joan Baez, Bob Dylan, Simon & Garfunkel; on se déchaînait sur AC/DC, Scorpions ou Iron Maiden (oui déjà).

La musique électronique gagnait le devant de la scène et ses lettres de noblesse avec Kraftwerk (si, tout le monde connaît forcément Die Robots ou Radioactivity, sinon clickez là >http://www.youtube.com/watch?v=65uIQGSheCw ).

Mais surtout il y avait LA chanson française...
Et là, on touchait à la quintessence du genre... Que penser d'une époque où la tête des charts voyait se battre Léo Ferré (C'est extra), Mireille Matthieu (aaaaaah les mille colombes, comme quoi je me souviens au moins d'un titre d'elle), Alain Barrière (Tu t'en vas), Barbara (l'aigle Noir), Mort Shuman (Papa tango Charly), Georges Brassens (Fernande), Serge Gainsbourg (et ses sublimes Variations sur Marilou) face aux tubes du disco - y compris ceux produits par des Français?
Et on ne pouvait même pas emporter sa musique avec soi en voiture (à moins d'aimer les programmations des radios ayant pignon sur rue, car à l'époque point de FM, même pas encore vraiment de radios pirates chez nous). Et quelles voitures...

Ah les Simca, les R11, les 2CV et les 4L. Pour les plus nantis les Peugeot à formes arrondies qui gardaient encore une nostalgie des années 50. Des GS pour les amateurs de Citroën ayant alors les moyens, avec système hydraulique qui faisait écarquiller les yeux des enfants.
Lorsqu'on allumait le poste de télévision, on avait une, deux, allez peut être trois chaînes (cela fait si longtemps qu'on en perd la mémoire), les Tifins avant d'aller au lit, bonne nuit les petits, Nounours et le marchand de sable en couleurs, Saturnin le canard fuyant la fourbe belette, Casimir et le kiosque de Julie, les visiteurs du mercredi, Croque Vacances et la dame de Montsoreau, Garcimore, sa petite souris blanche et les fous rires de Denise Fabre.
L'époque était insouciante en apparence, en dépit de la crise bien présente, et des campagnes anti-gaspi au graphisme amateur.

Peut-être est-ce cela qui nourrit la nostalgie, l'inconscience des préoccupations que nous eussions eu si l'âge adulte nous avait alors frappé de plein fouet. Ou peut-être qu'au lendemain des trente glorieuses l'époque surfait encore sur l'illusion de la facilité, dans un monde où l'on ne vivait pas au rythme des sondages d'opinion et des statistiques omniprésentes aujourd'hui.
Nous vivons une époque stagnante et coercitive, cependant les avancées technologiques passées dont nous pressons aujourd'hui les fruits nous ouvrent des portes libertaires insoupçonnées alors, et notre libre arbitre ciselé au marteau d'un cynisme contextuel nous transforme en juge-pénitents, Clamence modernisés et suréquipés qui prenons la toile pour confessionnal en lieu et place d'une salle de bar des bas-fonds hollandais.

Blogs, réseaux sociaux, forums sont nos agoras fréquentées vingt quatre heures sur vingt-quatre, où nous déversons notre trop-plein de pensées, partageons nos émotions, dans un monde programmé pour la froideur et la réussite à tout prix. La nostalgie a le goût des Carambar d'antan, mais elle manque du sel de notre expérience.

Pourquoi ne pas avoir la nostalgie des instants à venir plutôt?

dimanche 21 mars 2010

Ad augusta per angusta

Après deux expériences concluantes de démarrage alternatif sur ma live usb, et dans un souci de cohérence mais aussi de pratique, j'ai décidé de passer définitivement à l'OS exotique aux noms d'animaux. Dans un geste de rebellion ultime, j'ai ainsi écrasé toute trace de win-truc et l'ai remplacé – avec bonheur – par It-Whose-Name-Reminds-Me-Of-A-Dead-Dictator. Premier post entièrement rédigé, édité et posté depuis ma nouvelle base arrière, séquence émotion, surtout quand je pense que ce qui y figure présuppose une nouvelle déclinaison de la portabilité de mon gadget de fille (oui, j'ai acheté cet eeepc parce qu'il était jo-li aussi).

Le vent de la liberté souffle comme une brise printanière...


Rituel d'arrivée du printemps en région parisienne, la pluie qui balaye les rues. On voudrait pouvoir profiter du redoux mais le sol glisse et les cheveux gouttent, on se presse à l'abri.

L'envie pourtant nous gagne de pointer le nez dehors. L'hiver est presque derrière nous, on se plaît à rêver à des soirées oisives passées à refaire le monde aux terrasses traversées de courants d'air tiède, un verre à la main, en compagnie d'amis de toujours. Prévoir des sorties sous les arbres qui reverdissent, des goûters au parc au milieu des canards avides et cependant farouches. Imaginer le vent rafraîchissant qui se glisse sous une jupe que l'on tient encore au fond d'un placard, hors de saison pour l'heure. Nettoyer les verres de ses lunettes de soleil en prévision des escapades le long des quais.

On se raccourcit les cheveux, on dégage un cou que les coulis glacés des bises hivernales me chatouilleront plus. Les soirées se rallongent, les couchers de soleil se parent de mille feux, la Tour Eiffel brille désormais dans un reste de jour rosé, tandis que l'horloge du Palais tinte sept fois.

Un verre de Sancerre rouge ou une coupe de Ruinart pour fêter l'approche de l'été, un son cosy et suave dans les oreilles, l'illusion de pouvoir et de savoir prendre son temps. Une virée laconique sur les Champs Elysées, pas trop longtemps, cela devient vite insupportable tout cet étalage bling-bling Rive Droite, quelques capsules de café, un macaron à la pistache de chez Ladurée dans son joli sachet pour un tea time au Prince Vladimir ou à l'Anastasia. L'envie de faire voleter une jupe princesse, de nouer des rubans à ses chevilles, de sentir ses orteils se libérer sous des lanières devient insupportable. Une matinée passée à flâner dans les travées du musée d'Orsay pour l'exposition Crime et Châtiment, un café pris à l'ombre des branches du boulevard Saint-Germain, en évitant le Flore bondé de touristes en cette saison. Se souvenir de réserver à temps pour profiter de l'oeuvre de Turner sans avoir à arpenter le bitume dans une file sans fin.

Se demander à quel moment on pourra aller déjeuner dans le patio qui abrite la crêperie de la rue Daguerre, avec ses arbres en pot, son chat qui se prélasse sur les chaises, son mainate qui miaule sans faire frémir une moustache du précité, d'une bolée de cidre bien frais et d'une galette au beurre salé.

Revenir au bassin du Luxembourg, à ses bateaux à l'ancienne, ses canetons duveteux, que l'on retrouve de mai en mai, un Perrier sur les chaises en métal qui rappellent les temps lointains de la fac, un livre de poche qui dépasse du sac à main.

On aimerait que le temps s'accélère pour de bon, et qu'il se suspende pour ces quelques heures douces et comme volées.

En espagnol, printemps se dit primavera, joli non?


samedi 20 mars 2010

Renuntio tibi, o Satana, cum omni pompa tua

Je renonce à Satan, à ses oeuvres et à ses pompes (Ubuntu rules!)



C'est une version plus ancienne que celle que je fais tourner, mais leurs graphismes sont tellement plaisants que je ne résiste pas au Hardy Heron visual

Il y a des démarches nobles auxquelles on souhaiterait s'associer, mais dont on maîtrise trop peu les procédures pour s'y risquer. Des démarches qui donnent tout leur sens aux mots tels que collaboration, échange, partage, mise à la portée de tous. Des démarches qui restent confidentielles parce qu'il est bien connu que l'intérêt du plus grand nombre n'est rien lorsqu'il doit se confronter aux intérêts pécuniaires de multinationales protéiformes.

Ainsi, et parfois sans en être réellement conscient, nous passons quotidiennement sous les fourches caudines de la soumission au mieux (ou plus) disant technologique, soulagés en un sens de nous contenter de solutions clefs en main qui demandent un niveau de maîtrise proche du niveau zéro pour peu que l'on sache brancher un appareil sur le secteur, appuyer sur un bouton de démarrage et agiter une main crispée sur un drôle d'outil appelé souris.


Nos bons sentiments et nos préoccupations idéologiques ne pèsent pas lourd face à la marée irrépressible des produits affichant gros et gras les marques les plus connues voire monopolistiques et clamant haut et fort leur facilité d'utilisation, même à l'échelon techno-tanche; nos scrupules de sur-consommateurs se taisent dès lors que l'outil acquis servira à servir d'autres causes nobles, passant sous silence aussi les milliards de bénéfice engrangés par ces sociétés tentaculaires et expansionnistes...

Sommes-nous tous condamnés à cette dictature de salut privé et fiduciaire?

Thanks gods, non. Une poignée d'irréductibles - dont le camp de base n'est pas en Armorique ni entouré de légions romaines toutefois - dispersés de par le monde a décidé il y a bien longtemps déjà de relever la tête et de réfléchir puis de proposer une solution accessible et nettoyée de toute tache de notion de profit pécuniaire. A mesure que le temps passait, ces solutions se sont déclinées, ont évolué vers des interfaces utilisateurs dont la simplicité tirerait des larmes, mais elles conservent une forme de confidentialité que l'on ne peut relever sans se poser quelque question quant au rapport entre la capacité de chefs d'entreprises à réduire leurs coûts de fonctionnement en terme de plateforme informatique - qu'il s'agisse d'operating systems ou de logiciels - et les avantages matériels qu'ils peuvent éventuellement tirer post-notification de marchés.

Je reconnais sans rougir - et pourtant je devrais mais il convient d'assumer ses erreurs la tête haute- que j'ai longtemps renâclé à l'idée de franchir le Rubicon, déclarant ainsi la guerre à mon PC en substituant un OS exotique à celui dont il était équipé de série. Mais tout va péter, me dis-je, non sans angoisse. Et l'angoisse mène à la procrastination, en tous cas sur certains rivages de la rive Gauche.

De pédagogie en assurances techniques répétées, mais surtout en raison d'un plantage magistral de l'OS natif douteux qui me privait d'un de mes outils de travail - le plus portable et le plus utilisé par mes soins bien évidemment - je me retrouvai au pied du mur (à l'endroit même où on le voit le mieux, le mur, en effet), plus moyen de revenir en arrière, au pays des spywares, des Trojans et des véroles moisies en tous genres.

Il aura fallu que l'on me remette en main le Cd d'installation gravé depuis le net, mieux... que l'on me fasse démonstration de l'inoffensivité de l'outil (angoisses de dernière minute liées à de sordides questions de garantie)... que je trouve le temps, et trois rappels à l'ordre pour que je me lance sans filet.

Bien, le Cd d'installation s'avère inutilisable sur un netbook dénué du moindre lecteur adapté et pour éviter une mauvaise surprise, je renonce à l'utiliser pour l'heure et le garde de côté on ne sait jamais si cela me prenait de m'offrir un lecteur externe (le fait que je n'en ai pas déjà un constitue, semble-t-il, un manquement aux bonnes pratiques qu'il convient de corriger). Me voilà donc en train de charger concomitamment la version bootable pour netbook et le programme image writer dédié qui transformera ma petite clef USB jaune en super-héroïne qui se lance au démarrage. Je remercie le ciel, et la personne qui m'a montré du doigt quelques heures auparavant le site sur lequel je vais trouver mon bonheur (note personnelle: il est plus facile de trouver une version netbook remix de ubuntu que de commander des packs d'eau de Contrexéville sur Alcampo.com).

Je lis et relis soigneusement les instructions claires et éminemment pédagogiques que mes nouveaux amis d'Ubuntu mettent à la disposition des gens doués à l'origine, mais qu'ils ont apparemment conçu aussi pour que les techno-tanches frétillent de la nageoire sans s'étouffer. Je note à cette occasion que les irréductibles de la liberté logicielle et OStique sont toujours remarquablement pédagogiques et que leur approche dynamique et participative permet aussi (et mine de rien cela compte) de voir a priori la liste des éventuels dysfonctionnements et des solutions y afférent.

Le téléchargement est ralenti par un caprice de la bande passante qui a décidé de hoqueter, me laissant le temps d'étendre ma lessive; l'informatique est décidément un univers créateur d'opportunités temporelles, c'est un principe à méditer, surtout pour les gens qui n'ont jamais le temps...

Je reviens vers mon téléchargement, miraculeusement terminé... Mais il me reste encore à utiliser un petit programme (indiqué très clairement par mes new best friends from U) pour rendre ma clef USB qui servait jusqu'ici de simple valise de transport de données en live disk (la classe!). Une bonne pratique de l'anglais aide un brin... enfin si tant est que les vers de Shakespeare puissent être d'une réelle utilité en ce qui concerne le jargon technique. Mais cela relève en fait plus de l'éradication de tout traumatisme que pourrait induire chez un utilisateur le fait de se trouver confronté à une page dans une langue autre que celle de Corneille.

Le petit programme sorcier semble avoir compris exactement ce que j'attendais de lui, goddam. Cela faisait une éternité que la technologie ne s'était pas ainsi pliée facilement à ma volonté (ma reconnaissance éternelle aux créateurs et développeurs de UnetBootIn).

Heure de vérité, je vais devoir entrer par effraction dans mon BIOS (maintenir la touche F2 le temps opportun donc, pour ne pas lancer win-truc) pour lui ordonner d'ignorer son OS natif et de lancer la séquence de démarrage depuis la clef... Triple saut périlleux sans filet donc... Acceptera-t-il?

Non.

Enfin il ne l'accepte pas au premier essai, mais je confesse que je ne suis pas une experte en gratouillis sous le menton d'un BIOS, il est donc plus que probable que j'ai dû rater une étape ou négliger une validation intermédiaire.

Une certaine forme de ténacité, que d'aucuns prétendront héritée de mes racines paternelles (non, pas la Corrèze, quoique, mais la Normandie), et le soutien moral hérissé de conseils techniques et autres links de solutions en tous genres de l'équipe de base arrière qui n'est pas sans évoquer un obstétricien à l'oeuvre («Poussez encore Madame, on voit la tête! ») conduisent à une transformation d'essai laborieuse mais victorieuse et, je l'espère, prémonitoire pour le match qui nous oppose ce soir à notre ennemi atavique en matière de ballon ovale.

\o/ comme disent ces gens-là, dont l'adoubement est proche, mais tient encore à la capacité d'établir la connexion wi-fi de cet OS exotique. Après quelques grincements de dents et un bon demi-litre de déca (what else?), je franchis de nouveau la ligne d'essai et peux profiter à l'envi de ma nouvelle interface aux délicates teintes ocre et marron glacé.

En antique utilisatrice de Mac depuis ma plus tendre enfance, je m'émerveille de retrouver la simplicité visuelle qui tant me manquait depuis mon passage contraint sous win-truc. Des outils conviviaux, une présentation dont la clarté est telle que j'en suis émue, et une impression de liberté décoiffante. Ne ricanez pas, en ces temps troublés, c'est une dose homéopathique certes, mais à ne pas négliger.Me voici donc passée de techno-tanche à techno-brochet, et mes dents ambitionnent désormais de passer à des grignotages plus complexes.

Et en plus il y a un Mahjong intégré ... Que demander de plus?

mardi 9 mars 2010

Felix cum libro


Il est toujours plus difficile de parler ce que l'on aime passionnément que de la pluie et de l'air du temps. Cela revient au même niveau de difficulté que de parler de soi sans entraves, sans fausse pudeur. Nous plongeons dès lors dans la sphère de l'intime, de ce que l'on ne partage qu'avec des élus, au demeurant peu nombreux.

Ce que l'on aime passionnément nous construit jour après jour, nous rend plus durs au mal, plus résistants à la douleur du quotidien, et c'est pour cette raison qu'il est difficile d'en parler, même si, au fond, il relève de domaines d'une certaine banalité.

Ainsi, il m'est difficile, pas impossible mais un degré en dessous, de parler de livres.



Je vis, respire, survis, reprends mon souffle par et pour le Livre; au point que l'on me demande souvent pourquoi je ne suis pas devenue libraire (motif: pas le sens du commerce et une haine farouche de tout ce qui ressemble à de la gestion).

Je ne conçois de vivre qu'entourée de livres, ressens un pincement au coeur et une bouffée d'angoisse lorsqu'on me suggère de libérer de l'espace dans mes bibliothèques en vendant ou donnant des ouvrages déjà lus ou mal-aimés. J'ai déjà l'âme qui saigne de tous ces livres prêtés qui n'ont jamais retrouvé leur rayonnage, suis capable d'acheter certains livres aimés en plusieurs langues juste pour en mieux savourer la subtilité originale, suis-je victime d'une forme de névrose?

Mon amour du paperback - dont le charme premier est de tenir dans un sac à main - me fait mépriser des bibliophiles... Ma foi, je leur laisse les reliures pleine peau, qu'ils me laissent la ronde des mots, la musique des propositions qui s'enchevêtrent parfois pour plus de musicalité, la rondeur en bouche d'un qualificatif bien senti, l'éclat résonnant d'un verbe claironnant enfoui dans la tiédeur d'une phrase mensongèrement creuse.

Je ne tiens pas d'inventaire, et de ce fait, je rachète souvent un livre pour peu que sa réédition trompe ma mémoire photographique, je corne mes pages en malpropre, mais je n'ai jamais su quoi faire des marque-pages. Je laisse des piles d'ouvrages ouverts à l'envers ça et là, au bord de ma baignoire, à la tête de mon lit, au pied de mon sofa, dans l'armoire à détergents, posés le temps d'une respiration, repris sans perte de souffle, sans que l'émotion initiale qui m'a étreinte s'en trouve ternie. Insupportables pour beaucoup, mes manies de bibliophage sont incorrigibles, le poids de mes sacs de voyage, partant vides mais revenant toujours chargés de pages achetés en chemin, fait soupirer ceux qui se chargent de m'en délester.

Chaque voyage est l'occasion d'une ou de plusieurs rencontres, souvent développées à l'ombre d'une terrasse, dans un moment de quiétude volé aux visites obligatoires. A Venise, ce fut Henri de Régnier, ses contes, lus à l'ombre d'un campanile qui a succédé à celui qu'il a connu lorsqu'il passait ses soirées au Florian sous le portrait d'un mandarin. A Londres, ce fut Wilde, the importance of being Earnest, légèreté et brillance, vivacité des dialogues et charme indélébile des personnages.J'aurais aimé lire Capote à New york mais je l'ai découvert plus tard. A Séville, ce furent Villalon et ses toros aux yeux verts, à Nîmes Baroncelli et ses bious aux yeux bleus, frères en poésie mythique, Géryon et Mithra qui se retrouvent sous la plume du Montherlant des Bestiaires. A Lucca, Dante et sa Divina Commedia, comprise en partie seulement, on ne maîtrise pas une langue en quelques jours.

Mes voyages rêvés ou à venir ne vont jamais sans pages feuilletées. Dosto à Saint Petersburg, Kazantzakis à Héraklion ou dans un village montagneux écrasé par le soleil qui fait étinceler les murs chaulés; je voudrais relire Proust à Cabourg ou en me promenant dans la campagne normande - y trouver mon Combray, mon côté de Guermantes - à l'affût de ces sensations éphémères et puissantes qui éveillent et émerveillent les sens; Peut-être arriverai-je à dépasser la dixième page de l'Ulysse de Joyce si j'ai sous les yeux le vert pituit de la mer sur les côtes irlandaises?

Aujourd'hui, des voix s'élèvent pour mettre au ban les livres, les taxer d'élitisme freinant la marche en avant de la discrimination positive, considèrent que la culture doit désormais être abordable ou ne plus être.

Dans les écoles, on a commencé à remplacer Verlaine par les textes de slameurs - qui écrivent tout à fait correctement soit, mais dans cinq ans qui se souviendra d'eux - ou de rappers, par des articles de presse souvent dénué de tout respect de la syntaxe, sans parler d'une pauvreté lexicale affligeante.

Se mettre à niveau, dit-on, est la condition sine qua non pour l'épanouissement de tous.

Tourner le dos à une culture qui a mis des siècles à se construire et dont les plus beaux fleurons demeurent aujourdhui intacts contribue-t-il réellement à l'épanouissement du plus grand nombre, ou à la perte d'une identité que l'on cherche maintenant à nationaliser à force d'effets d'annonce creux?

Serons-nous meilleurs que nos ancêtres lorsque nous ne serons plus capable de comprendre des allusions telle que "arrête de faire ton Harpagon", "les gens d'aujourd'hui sont de vrais moutons de Panurge", "il a un appétit pantagruélique", "elle joue les Salomé", et j'en passe?

Un livre blesse-t-il l'âme?

Un livre prive-t-il de l'usage d'un membre?

Un livre doit-il être vu comme un instrument de torture?


Sans livres, serais je encore en vie, avec cette envie, cette faim de dévorer toujours plus de pages pour ne pas avoir à constater la médiocrité ambiante qui avance sans jamais trébucher?

Si nous ne lisons plus, de quoi rêverons-nous donc?

Si nous n'encourageons plus les générations en devenir à découvrir les chemins de l'évasion qui se cachent entre les pages d'un livre, quel avenir leur laisserons nous en héritage?


In principium erat Verbo...

Et à la Fin, que nous restera-t-il?

dimanche 7 mars 2010

Le langage est la peinture de nos idées

Le titre a été emprunté à Rivarol

En visitant certaines expositions qui me tiennent à coeur, j'ai des questions absurdes et cependant essentielles qui me viennent. Au-delà d'une certaine éducation à l'art sous toutes ses formes plastiques, qu'est-ce qui nous conduit, à mesure que nous avançons en âge, à nous construire un goût pour tel ou tel mouvement pictural ?

Pourquoi suis-je plus émue par la Dorfkirche de Riegsee par Vassily Kandisky que par ses abstractions ultimes (à l'exception de ses rouges, dont on trouve parfois seulement une touche, si particuliers qui m'attirent comme un aimant) ? Pourquoi ai-je une réaction de tiraillement positif de la rétine lorsque je vois un autoportrait d'une simplicité épurée d'Otto Dix tandis que ses compositions plus complexes me laissent de marbre voire m'irritent ? De quel droit puis-je placer un portrait de femme par Van Dongen au-dessus d'un Jawlensky dans mon Panthéon personnel?

Alors que je rumine ces questions en parcourant les couloirs où sont exposées ces toiles, je remonte le fil de ma chronologie gustative en art et je cherche le parallèle entre les peintures noires de Goya et l'éclat chromatique de Vlaminck, je ne comprends pas ce qui me fait passer deux heures devant les fileuses de Velasquez et ce qui me retiendra tout autant devant une aquarelle vénitienne immatérielle de J.M.W. Turner. Je frôle une forme de schizophrénie rétinienne à balancer entre une nature morte de Chardin et les subtils équilibres de noirs - car il arrive que le noir soit multiple - de Soulages.

Je considère comme une chance d'avoir grandi dans un univers où la peinture, en premier lieu, et l'art, d'une façon plus générale, occupaient une part importante. Aussi loin que remonte mes souvenirs j'ai ouvert les yeux sur des murs chargés de cadres et de toiles, sur des mains tenant des crayons et pinceaux, des senteurs de térébenthine et des charrettes de projets occupant une table à dessin dominicale. Notre accès aux feutres professionnels aux couleurs introuvables dans les boîtes classiques du commerce et à des kilomètres de papier à barbouiller étaient un bon moyen de nous occuper calmement, avant que ne fût possible la rencontre avec la page imprimée d'un livre dévoré en toute autonomie. Au commencement était le Trait...

De mes premiers livres d'images à proprement parler je retiens plus particulièrement ceux que l'on me laissait feuilleter avec précaution, un grand format pas très épais sur les grandes réalisations de Michel Ange dont la Pièta ornait la couverture et un essai, moins illustré mais dont les reproductions me fascinaient parce qu'elles n'étaient pas imprimées pleine page mais collées uniquement sur leur partie supérieure, sur Fra Angelico.

Où que l'on levât les yeux, il y avait un tableau à regarder. Certaines études que Mum avait réalisées quand elle étudiait à Duperret, des lithographies et gouaches de notre voisin du 15e -sculpteur monumental condamné à la peinture en raison de l'étroitesse de son atelier et dont la gentillesse égalée par celle de son épouse a marqué les heures passées chez eux pour dépanner ma mère au débotté - la composition flamboyante et longtemps incompréhensible à mon oeil de notre autre voisin dont le combat de coqs me paraissait d'autant plus mystérieux que j'y distinguais et y distingue encore la tête d'une chèvre qui n'a rien à faire là, des gravures et oeuvres du père d'une de mes tantes, peintre que j'oserai qualifier - à tort peut-être mais je ne suis guère experte - d'expressionniste aujourd'hui disparu et dont les personnages d'ogresses ou de notables, de majas et de toreros n'allaient pas sans doute sans influencer mon goût en formation pour ce mouvement et ces jeux de matières et de couleurs.

Les dimanches chez Mamy et Papy, j'apercevais ce dernier du coin de l'oeil, penché sur la table à dessin qui occupait la moitié de sa chambre, la plupart du temps sur un projet de la Mobil Oil ou d'autres clients comme Air Grèce - certains souvenirs visuels sont plus prégnants que d'autres - dont son agence avait su s'assurer l'indéfectible loyauté. Après avoir suffisamment pris de temps à Mamy entre câlins réclamés comme un dû, chaouichillages (patouillages et autres dînettes à coup de nouilles sèches, riz, herbes aromatiques et eau) et lectures d'histoires enfantines -le poudoncanoie reste aujourd'hui mon livre culte - j'obtenais sans trop de difficulté feuilles et feutres et tentais, en restant le plus silencieuse possible à grand mal, d'imiter Papy.

Les oeuvres que nous, petits-enfants ébahis par l'étendue des feutres et crayons mis à notre disposition, produisons lors de ces moments enchantés, trouvaient leur place sur le mur de la chambre d'ami qui en fut vite recouvert aux deux tiers. Mamy me disait encore récemment que ce qui l'avait surprise dans mes portraits pourtant maladroits c'était cette manie que j'avais de toujours représenter les cinq doigts des mains de mes personnage, fût-ce sous forme de griffes à défaut de savoir faire plus précisément. J'ai observé cela dernièrement en feuilletant un dossier de dessins de maternelle conservé par Mum qui venait de faire du tri dans ses placards, et qui a tordu le nez en voyant les deux rides frontales dont je l'avais affublée en 1977 (elle avait tout juste 28 ans) et que je porte aujourd'hui moi-même (mais j'en ai quasiment 10 de plus).

C'est donc en portant au coeur le souvenir de ces dimanches parfaits, de cette enfance colorée où tout était possible, de ces heures passées à tenter de reproduire le trait d'un visage botticellien, de ces moments passionnants durant lesquels le professeur Esteban - un homme excpetionnel et un maître irremplaçable de bienveillance et d'intelligence étincelante - nous ouvrait le coffre aux secrets des natures mortes et vanités de Velasquez, Zurbaran et Valdes Leal, de ces journées de décembre au musée lorsque Papy et Mamy revenaient en visite à Paris - la dernière fois ce fut pour De Staël à Beaubourg - que je parcours les allées de ces expositions où je retrouve mes peintres familiers ou ceux qui le deviendront une fois que j'aurai retrouvé le vacarme de la rue. Ce sont ces instants qui ont dessillé mes yeux, cet amour du beau et cette curiosité pour le travail de la main et de l'âme qui ont ouvert à mon coeur et à mon esprit les portes d'une galerie d'art improbable et impossible, une forme de musée idéal où les genres se mêlent et se différencient pour mieux se retrouver dans une même expression de choc esthétique, d'adhésion parfois conditionnée mais fondamentalement inconditionnelle. Peintres fameux, sculpteurs célèbres, mais aussi anonymes ou familiers, ils ont tous une place qui leur est réservée, une place qui les attend, pour peu qu'ils sachent me toucher. C'est sans doute pour cela que je ne comprendrai jamais les rouages du marché de l'Art tel qu'il existe depuis longtemps et perdure. Lorsqu'on aime, peut-on vraiment compter?

samedi 27 février 2010

Floraison printanière

Scène typique des samedis au matin, enfin vers midi et des poussières, en zone urbaine (autant dire à Paris) dès que le froid hivernal commence à céder la place à une vague tiédeur qui laisse envisager la possibilité que - peut-être, d'ici un ou deux mois, avec de la chance, si les dérèglement climatiques ne continuent pas à nous pomper l'air - la douceur reviendra et avec elle l'envie de se lever plus tôt pour profiter d'un rayon de soleil en prenant son café dehors.

Le mois de février touche à sa fin, et, sensible au calendrier comme peu, la hyène urbaine, autrement surnommée working girl, célibattante et autres qualificatifs restrictifs mais ô combien employés dans les magazines féminins qui ont pignon sur rue et qui font la pluie et le beau temps sur le nombre d'orgasme auquel la femme a droit, le nombre de calories qu'elle ne doit jamais dépasser et la longueur de sa jupe au-dessus du genou - ou en dessous de la hanche, c'est selon - la hyène urbaine donc, est sensible aux variations calendaires.

Elle n'a pas le regard dans le vague et a déjà noté que les portants des boutiques voisines avaient remplacé, en dépit des traces de givre persistantes, le tweed par l'organdi, le cachemire par le coton peigné, le goretex par la tulle. Elle sait, en son for intérieur, que les beaux jours arrivent, d'ailleurs n'est ce pas écrit en toutes lettres au fronton des Cosba et Bimo, Marie-Chantal et Claire-Marie (avec le nombre de kilos à perdre pour entrer dans un maillot dont le prix affiché - en toute amitié et sans intérêt commercial envers la marque - est inversement proportionnel à la quantité d'étoffe employée)?

Son rituel matinal - d'aucuns, des mauvaises langues forcément, jugeront bien entendu que midi passé fait entrer dans un créneau horaire qui ne relève pas de la matinée - du samedi, jour béni entre les dieux s'il en est, va donc se modifier. A l'heure où, quelques jours auparavant, elle se roulait encore avec délices dans la chaleur de son lit douillet en profitant pleinement de l'absence de sonnerie du réveil, elle décide soudainement qu'elle a une foule de choses à faire. En gros, une demi-douzaine de coups de fil urgents à passer à sa meute.

La hyène, en bon animal social, prend toujours la peine de croiser son emploi du temps avec celui de ses compagnes de meute, dans l'éventualité où elle aurait mal noté un rendez-vous pour un film ou un déjeuner dans son agenda électronique intégré - dont la réticence à enregistrer les rendez-vous à la bonne date et à l'heure idoine n'est pas sans faire lever le sourcil au vu de l'investissement financier qu'a représenté l'acquisition du support matériel intégrant ledit agenda - , dans l'hypothèse où un plan se dessinerait pour le week-end, enfin pour mettre à jour la base de données des informations fondamentales sur le Quiafaitquoi? Quiaéténomméoù? Quigagneplusquemoialorsquec'estunetanche? et j'en passe (dans les milieux corpo on appelle cela l'art du reporting).

Pour ce faire, elle a bien évidemment choisi d'utiliser son téléphone du XXIe siècle dont pas une techno-hyène ne saurait se passer, reconnaissable entre tous à la couleur neutre de son kit mains libres à double écouteur et micro discret, à la variété chromatique de son écran tactile équipé de multiples applications inutiles mais tellement indispensables (paper toss, ou l'art de balancer du bout du doigt des boulettes de papier dans une corbeille virtuelle, est une application culte chez les hyènes qui ont des patrons ou des collaborateurs atteints de réunionnite, si tant est que l'on est capable de retenir ses cris de joie lorsqu'on explose son score personnel) et dont le design s'adapte on ne peut mieux à tous les sacs à main qui hantent ses placards (merci à la société Pomme d'avoir pensé à cela).

Et c'est ainsi que - dès que février commence à ressembler au passé, les samedis matins, au lendemain de soirées passées à siffler des mojitos en séances d'afterwork/défouloirs ou à piquer du nez devant une série TV dont on ne connaîtra jamais le dénouement - aux terrasses et balcons parisiens fleurissent non seulement narcisses et jonquilles, mais aussi nombre de trentenaires en fleur, arborant nuisette, peignoir de soie ou autres accessoires de fin de nuit, le cheveu en bataille et l'oeil encore brumeux de rêves à peine clos, qui ont toutes en commun la présence d'écouteurs filaires blancs à leurs oreilles.

mardi 19 janvier 2010

Eritis sicut dii

(vous serez comme des dieux)


Je lisais hier un ouvrage plutôt sympathique sur le roman policier historique, ses origines, ses raisons d'être et les motifs concourant à son succès grandissant. Une réflexion à propos de ce dernier thème m'a interpellée finalement bien plus aisément que ne l'eût fait un article de philosophie...

Comment s'expliquer ce brusque retour de flamme envers les choses du passé, qui ne va pas sans s'accompagner d'un soudain désamour pour l'anticipation ou la science-fiction, genres ayant eu leurs heures de gloire non seulement dans les trois premiers quarts du XXe siècle mais plus encore aux siècles précédents (je me réfère ici aussi bien au voyage dans la lune du vrai Cyrano qu' aux romans d'aventure de Jules Verne, en passant par Orwell, Huxley, Herbert, Asimov, Bradbury et j'en passe)?

Un des auteurs de l'ouvrage, mais aussi certains des auteurs de roman interrogés dans celui-ci, semblaient y discerner une fuite de ce que réservait le futur, de la notion même de futur, en y opposant le goût prononcé et renouvelé pour l'anticipation en littérature et autres vecteurs fictionnels qu'avaient pu connaître nos grands-parents.

Cette fuite trouverait cette origine dans le doute que nous ressentons à l'égard de tout, sentiment très répandu à notre époque tant nous sommes écorchés par les rebondissements négatifs de l'existence. Mais ce doute, a-t-il d'autres sources qu'un sentiment de désappointement face aux promesses de l'aube non tenues par nos journées?

Peut-être qu'à force d'imaginer l'an 2000 comme quelque chose de merveilleux, un nouvel âge d'or ouvrant à l'infini le champ des possibles, qu'en y projetant des visions fantasmées d'un mieux-vivre emprunt de technologies révolutionnaires et reprenant à son compte les rêves de nos ancêtres (le voyage démocratisé dans la lune de Cyrano ou de Verne n'est certainement pas pour demain), nous avons usé notre jouet...

L'an 2000 fut donc l'âge de la Grande Déception.

Aucune avancée technologique majeure marquant une réelle rupture avec les temps d'avant...

De peur d'être de nouveau déçus en rêvant notre avenir, sans doute préférons-nous le réconfort d'un passé toujours vu comme un âge d'or - réflexe si humain - et offrant la sécurité d'un monde établi et connu, tout en gardant sa part de mystères aux yeux du plus grand nombre.

Nous ne sommes pas si lâches face à l'avenir que volontairement oublieux du courage dont il est nécessaire de se doter pour imaginer, envisager et attendre l'avenir. Et j'omets le courage qu'il nous faudra nécessairement pour le vivre.

Mais... où est donc le robot sensé m'apporter ma tasse de café à la température idoine? Fichu XXIe siècle, tout de même...